Mardi 7 Septembre.


Aujourd’hui, pour employer l’expression de notre amie Delphine, dite Canette : « nous n’allons pas vous rendre du rêve !! ».


Mais commençons par le commencement, c’est à dire ce matin.

Réveil tranquillou, nous avons la chance d’avoir choisi un ponton, ce qui nous éloigne des quais touristiques et bruyants, où les matuvus font leur show, faute de ne pas avoir pu aller à Mykonos à cause du vent (Meltem) pour faire la fête. Malgré un nombre important de bateaux amarrés sur ce ponton, nous sommes au calme.


Il faut que j’aille courir, mettre un frein aux assiettes de calamars frits, petits pains secs à l’huile d’olive nappées de tirokafteri et les délicieuses spanakopidas ne suffira pas pour pouvoir enfiler les shorts que j’ai laissés dans le bateau l’année dernière... Car ici, pas besoin de balance, je me doute bien que ce ne sont pas mes shorts qui ont rétréci et que le problème vient d’ailleurs ☹ , j’y vais !!  J’emprunte une des routes qui longent la mer. Le parcours est donc bien sympa, mais il fait déjà chaud et les petites montées deviennent vite pénibles. Au bout de 35mns, je me demande déjà dans quel état je serai en arrivant au port, ni même si j’y arriverai en maintenant mon rythme. Finalement, je tiens presque l’heure, mon but. Les 5 dernières minutes, j’arrête, puisque je m’aperçois que je me traîne tellement que je vais aussi vite en marchant !!!


J’arrive au port.

Sur notre ponton, Il faut se méfier car une andouille de skipper russe (au look plus proche de Mr Propre, en plus moche, que celui du surfer), a trouvé judicieux de tirer une de ses amarres en travers du ponton. Ça ne sert à rien, en plus d’être dangereux, au point de vous faire tomber sur la panne si vous avez un peu de chance, ou dans l’eau en vous assommant au passage si ce n’est pas votre jour ☹

Il n’y a pas beaucoup de mouvements de bateaux ce matin. Avec le vent, ceux qui ont une place à l’abri préfèrent la garder. Les rares bateaux qui ont voulu bouger ont bien galéré à cause du méli-mélo d’ancres. De part et d’autre de « notre » ponton, le quai forme un U, alors forcément, les ancres et chaines finissent par former un quadrillage au fond de l’eau ☹ L’idéal est de mettre le moins de longueur de chaîne possible (à moins d’arriver le dernier et partir le premier). Mais certains ne font pas dans la dentelle comme ces 2 voiliers ukrainiens qui sont arrivés et ont déroulé au moins 60 mètres de chaîne !! A tel point que l’un d’eux n’a pas pu arriver jusqu’au ponton, sa chaîne étant trop courte !!

Un catamaran russe a dû faire appel à un plongeur car il ne parvenait pas à se libérer.

Nos voisins suédois, eux, se sont fait embarquer leur ancre par un bateau qui voulait s’amarrer, qui a bien mélangé les ancres, s’est libéré et reparti aussi sec se disant sûrement, et à raison, qu’il n’était plus le bienvenu… le couple de suédois s’est donc vu contraint de refaire la manœuvre d’amarrage, rendue difficile avec le vent. Aidés d’autres marins, il lui aura fallu près de 2 heures pour récupérer son ancre, emberlificotée avec 3 autres. Il faut bien s’imaginer que tout cela se passe avec un vent fort, des chaines et ancres qui pèsent très lourd et que vous ne pouvez y avoir accès qu’à partir d’une annexe, embarcation gonflable légère et au ras de l’eau. D’autres marins leur ont spontanément donné un coup de main.

Au terme de ces mésaventures,(c’est de la plaisance , c’est le pied !!!)  auxquelles nous avons fort heureusement échappé (du moins jusqu’à présent), je peux dire que dans le port, se côtoient une majorité d’équipage grecs, francais, allemands et pays de l’est mais que le langage marin est universel (si vous parlez anglais aussi, ça aide). Certains ne jouent pas le jeu mais dans l’ensemble, il y a beaucoup d’entraide, c’est chouette.


Séance mécanique :

Dans la matinée, Damien jette un œil à la pompe à eau, qui fuit légèrement. Il a bien appelé notre ami Walter pour un coup de main, mais il n’est pas venu. Il nous a pourtant dit qu’il allait se téléporter 😊 ( on a dû oublier de lui dire qu’il y avait de la Mythos !!!!)

Cet après-midi, nous devons changer le filtre à huile et faire le vidange  (à faire tous les 2 ans ou 300 heures de moteur, ça tombe bien, on a atteint les deux ans) Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que nous ne gardons pas un bon souvenir de cette dernière opération, Mistral Gagnant était alors encore à port Pin Rolland. Je nous revois encore suer à grosses gouttes, pliés en deux, par une chaleur étouffante.

Car il faut expliquer que le moteur de notre mistral gagnant n’est pas celui d’origine. De 20 chevaux, on se retrouve avec 28 chevaux. Celui-ci est donc plus puissant, aux performances indéniables, que nous avons appréciées à maintes reprises.  Mais plus puissant, ça veut aussi dire plus imposant. L’espace qui lui est consacré n’est pas extensible et atteindre le filtre à huile s’avère un parcours du combattant (et je pèse mes mots). Outre les compétences techniques de Damien, mes petites mains et le fait que je sois ambidextre ont été un vrai plus. Et malgré cela, l’opération nous a pris 4 heures !!, Pliés et contorsionnés, moi dans le coffre, Damien dans la cabine, à devoir démonter le support du filtre à gasoil et la commande  d’accélérateur juste pour pouvoir récupérer le filtre usé et faire rentrer le neuf.

Au bout de 4 heures, bien exténué, et alors que nous tentons de resserrer des vis dans l’espace étriqué, Damien est catastrophé car après un craquement suspect, tombent du moteur ce qui ressemble à des rondelles métalliques et des petits joints. Mais il ne voit pas de quelle partie du moteur elles proviennent. Petit moment de panique, mais surtout d’égarement, car il comprend assez rapidement qu’il s’agit d’éléments de son bracelet métallique qui a cédé et libéré ses « petites rondelles ». Quand on connaît Damien, cela fait bien sourire. Moi, en tout cas, j’ai bien rigolé, déjà pliée en 2 puisque toujours dans le coffre 😊


Le soleil est déjà couché lorsque nous prenons notre douche. Il ne fait pas chaud sur le pont. Une cabine de douche, c’est le petit plus qui rendrait notre idylle 8.80 parfait… M’enfin, on fait sans. Il a un frigo, et ce soir, notre apéro est plus que mérité et apprécié.


Voili voilou pour notre journée. Vous pensiez que la voile, ce n’était que baignade, soleil, farniente ?

Pas toujours….  D’ailleurs ,il nous reste encore faire ; le niveau d’huile du propulseur d’étrave , le remplacement du soudeur (indicateur de profondeur)  , et les imprévus …….