Dimanche 22 octobre. Tinos / kea.

Après midi de samedi. Je pars donc me balader et découvrir cette ville Tinos, sur l'île du même nom. Elle me fait rapidement penser à Karistos (Eubée), avec ses larges rues, sa vie trépignante, les sons de cloches, les klaxons, bref, un peu bruyante tout de même. La vieille ville est assez réduite, elle se concentre autour de la longue rue qui monte à la panagia Evangelistria. Cette église est la principale dédiée à la Vierge Marie en Grèce. Elle abrite une icône de la Vierge réputée miraculeuse, ce qui en fait un haut lieu de pèlerinage orthodoxe.

Les plupart des boutiques accolées, sur toute la longueur de la rue qui monte de la mer à l'église, donnent le ton : icônes, cierges de toutes dimensions, petites gourdes jetables pour y loger l'eau bénite.

Je ne m'attendais pas à un monument aussi imposant. L'église a été construite à l'endroit même où a été trouvée l'Icône. L'histoire dit que la nonne Pélagie, vit dans son sommeil, par 3 fois, la Vierge lui demandant d'organiser des fouilles afin de mettre à jour et de restaurer son Église qui était enfouie dans le champ d'Antonios Doxara.

C'était en 1822.

Apres plusieurs démarches, en septembre 1822, le peuple commença avec enthousiasme les fouilles qui permirent de découvrir les vestiges de l’ancienne église de Saint Jean Prodrome. Toutefois, on ne trouva nulle trace d’icône, ce qui doucha les ardeurs et entraîna peu à peu les gens à abandonner l’entreprise.

Les travaux reprirent de façon mieux organisée et avec obstination, et le 30 janvier 1823, la pioche de Dimitris Vlassis du village de Falatados heurta l’icône miraculeuse de l’Annonciation et la fendit en deux, entre la Mère de Dieu représentée et l’Archange.

Cette découverte a joué un grand rôle dans la guerre d'independance de 1821, contre l'empire ottoman, en redoublant la foi et en faisant entrevoir une possible victoire.

La découverte de la Sainte Icône fut suivie par la construction de l’Église. D’importantes quantités de marbre furent nécessaires et furent principalement amenées de l’île voisine de Délos. On eut également besoin d’un grand nombre d’ouvriers pour le traitement et la pose des marbres, mais surtout de beaucoup d’argent dont le manque mettait souvent les contremaîtres dans l’embarras lorsqu’à la fin de la semaine, ils ne pouvaient pas payer les ouvriers et les matériaux. Mais, comme par miracle, chaque problème était réglé grâce à la généreuse participation en travail et en argent, aussi bien du peuple de Tinos que de tout l’hellénisme en Grèce et à l’étranger.

Vers la moitié de 1832, le côté Est de l’édifice, la partie Est du clocher et la partie orientale de l’entrée centrale avaient été construits. Les travaux de construction furent complètement achevés en 1880.


Ce n'est pas seulement son imposante stature qui impressionne. Le marbre est remarquable et d'épais tapis rouges couvrent les escaliers qui mènent à la partie Église, tout en haut de l'édifice (qui comptent plusieurs dépendances). J'avais lu que les pèlerins se rendaient à genou jusqu'à l'icône. En haut des marches, je vois une dame, la quarantaine, faisant souffrir le martyre à ses genoux,s'accorder une pose avant la dernière étape, sous les yeux impuissants de ceux qui semblent être son fils et sa mère. Inévitablement je fais la relation avec le genou de Damien, même s'il l'avait voulu (ce dont je doute fort 🤭), cela lui seraitt impossible. Il préfère passer par l'IRM, beaucoup plus sûr...

L'intérieur de l'église est sombre et pas aussi fastueux que ce que nous avons l'habitude de voir. A observer la ferveur des fidèles et l'importance de leur moment, je préfère rester dehors, avec mon short, mon tee shirt et mon appareil photo, cela me semble tout à coup plus respectueux.

Lorsque je repars, d'autres fidèles (ou d'autres touristes ayant perdu un pari, tant ils ont l'air d'aborder la chose avec rigolade) commencent leur long cheminement. Certains ont prévu des gants. Je n'ai pas vu de genouillères, du style de celles pour jouer au volley, en vente dans les boutiques. Si c'est le cas, elles doivent faire un tabac.

Il est samedi. Les rues commencent à s'animer. Nous faisons quelques courses, demain dimanche, tout sera fermé.

Avec la nuit, tombe l'humidité. A tel point que je suis obligée de fermer le hublot au dessus de notre lit, la couette est humide, rien de plus désagréable.

Damien , malgré le repos et les anti douleurs, souffre.

Nous prendrons une décision demain matin. Faire une virée sur Andros et Eubée ou accélérer le retour et rentrer au chantier en passant par Kea.

Les fêtards n'ont pas été trop bruyants mais nous avons toutefois perdu l'habitude du bruit de la circulation.


Dimanche 22 octobre.

6h30. J'ai assez bien dormi. Je voulais aller courir mais j'attends de voir comment va Damien.

J'ai bien fait car, le capitaine jette l'éponge et préfère rentrer au plus vite. Ne pas pouvoir se déplacer lui est pénible, mais la douleur est omniprésente, épuisante.

Décision est prise de larguer les amarres aussitôt pour rejoindre Kea, pause intermédiaire entre tinos et poros. La meteo annonce un vent du sud pas trop mal, nous devrions donc l'avoir de travers.

Départ au moteur à 8h30. Le vent se fait attendre. Au bout de 2h, il arrive, bien timide. On déroule, et roule, et reroule le génois. Enfin, un vent qui parait bien établi entre 7 et 8 noeuds souffle sur une mer plate. Nous déroulons la grand voile qui aujourd'hui, a décidé de nous faire des misères pour se dévoiler. Mais le captain a maintenant la technique, à grands coups de claques dans la bôme, c'est fatiguant mais ça marche.

Le vent est plutôt ouest, dans le nez donc , nous obligeant à naviguer au pré serré et à laisser la petite île Giaros sur notre babord. Sur cette île, il n'y a plus d'habitants mais des chèvres et une ancienne prison abandonnée; l'Acatraz version grecque.

Le moteur appuie les voiles parce que 7 noeuds de vent c'est pas beaucoup..

Au passage sud de Giaros, le vent s'amuse avec nous et avec la girouette qui ne sait plus où donner de la tête. Nous sortons de cette zone bien tourmentée et naviguons ensuite durant 2 heures à la voile seulement, avec un vent entre 10 et 15 noeuds.

Nous pensions passer la nuit dans la baie d'Otzia, au sud de Kea, mais déjà trop de bateaux y sont amarrés. Nous filons jusqu'au port de Kea et optons pour une place à quai, plus sympa pour le capitaine, qui peut au moins aller boire son café. D'ailleurs, nous buvons dès notre arrivée un apero bien mérité après 44 MN et 9H de navigation.

Nous ne savons pas si nous repartons demain ou mardi. Étant sur le chemin du retour, sur des îles que vous connaissez que trop bien, je ne posterai que pour donner des nouvelles de Damien et des dates de retour.

Une saison démarrée plus tard avec le départ de maman, terminée plus tôt avec le genou du capitaine, ce n'était pas notre saison, malgré des conditions météo exceptionnellement bonnes pour naviguer en mer Egée .

Ce sera pour mieux revenir au printemps prochain!!


Yamas 🍹 chers lecteurs