Mercredi 11 octobre.

La nuit a été comme annoncée : ventée.

Les pauvres bateaux amarrés à l'extérieur espéraient certainement être mieux protégés du vent et de la houle. Mais nous savions, pour l'avoir vu voilà 3 ans presque jour pour jour, qu'il n'en est rien et nous serions partis nous abriter dans une baie plutôt que de passer une nuit cauchemardesque amarré à la digue extérieur du port.

Le voilier qui était amarré en bout du quai extérieur est parti, je ne sais si c'est dans la nuit ou très tôt ce matin. Je ne suis pas surprise car hier soir est arrivé un gros cata à son babord, sa chaîne mouillée presque sur la leur. Le vent arrivant de travers, le cata, avec son important fardage, a dû sans cesse se vautrer sur ce pauvre voilier, plutôt que de le protéger du vent. De plus, avec la proximité de la plage, impossible de mouiller trop long de chaîne. Que leur ancre ait fini par décrocher sous la trop forte tension est un probable scénario. 

Il y a aussi ce hamac, installé sur le quai, fixé à je ne sais quoi,( trop loin pour voir). Certainement un malheureux équipier qui a tenté de dormir dans de meilleures conditions...

Le vent souffle en début de matinée à force 5 et 7 en raffales. Quelques voiliers amarrés à l'intérieur du port prennent la mer, les courageux. Il faut dire que ce sont des voiliers de 14 m avec des équipages de 4 à 6 personnes. Mais tout de même, partis avec un petit bout de génois et 2 ris dans la grand voile, on les voit s'éloigner tout en faisant des sauts de cabri...ça ne fait pas très envie.


Les bateaux sont désormais moins serrés et le vent qui nous arrive sur babord pousse le nez des bateaux. Nous nous apprêtons à mettre une garde (amarre fixée au quai, le plus écartée du bateau possible et l'autre extrémité fixée sur le pont, à la moitié de la longueurdu bateau) pour tenir le nez du bateau dans l'axe de l'ancre. L 'espace laissé à notre babord par le 14 m des américains tout juste parti est vite comblé par le 13 m des polonais mal amarré, il "dégueule" sur nous. Leur chaîne n'est pas tendue (l'ancre tiend elle?) ... Le capitaine nous dit : pas la peine de mettre une garde, on va se déplacer à côté de vous. Ben tiens donc, comme ça, notre petit 10 m retiendra ton 13 m avec ses petits bras musclés !! Je lui réponds qu'il peut se déplacer mais pas contre nous, il ne doit pas nous toucher. Ah, ça lui va déjà moins. Il est têtu ce capitaine, ça fait 3 fois que Damien lui dit de mettre une garde, il ne veut pas... vu le diamètre presque ridicule de ses amarres, Damien pense qu'il n'a pas de quoi mettre une garde. On lui en propose une, mais non, il en a une et il se décide enfin de la mettre. Ouf.


Il est déjà midi, Damien a bu dans la matinée ses 2 cafés ☕️ single luggo. Nous avalons du jambon et des petits pois, puis je laisse le bateau sous l'œil vigilant du capitaine pour partir en rando. J'ai envie de faire une bonne marche mais les chemins ne longent pas bien la mer. Qu'à cela ne tienne, j'ai une livraison à faire sur Nereida, mouillé à une dizaine de kms. C'est parti. Dagmar part pour venir à ma rencontre, mais elle est privée d'internet, et on a vite du mal à se retrouver, au milieu des chemins pour les ânes et des champs pour les moutons. On se retrouvera du coup dans la baie où Nereida est mouillé (avec Petilou).

Je me heurte à l'aller au sentier conseillé par Google. "Attention, les sentiers à pieds peuvent ne pas toujours tenir compte des conditions réelles". C'est gentil Google, mais tu me dis toujours ça une fois que je suis devant un sentier infranchissable à cause d'une végétation agressive et infranchissable!! Du coup, je perds un temps fou pour contourner ces barrières d'épines, en passant par dessus les murs de pierres et en essayant de suivre les pas de promeneurs aussi perdus que moi .

Au retour, le vent souffle très fort, je l'ai dans le nez parfois, de côté aussi, rendant la marche difficile. Sur ces terrains dénudés de végétation, le vent glisse et prend de la puissance. Mon capitaine me conseille de tirer des bords 🤣. Ma rando aura duré 4h10, 19k500 et 600 m de dénivelé. Je devrais bien dormir ce soir 😁


Lorsque je retrouve mon capitaine, un voilier s'est mouillé à côté de nous. Il s'agit d'un équipage français qui est parti de Lavrio (au sud de la peninsule d'Athènes). Ils se sont fait bien peur (tu m'étonnes!!). Pour prendre la mer aujourd'hui, il fallait soit y être obligé, soit être skipper professionnel, soit avoir une dose d'inconscience...même avec un bateau de 14 mètres


Ce soir, c'est cote de porc et riz dans le carré cosi de Mistral Gagnant. Ça souffle vraiment fort dehors mais on se sent en sécurité .


KALINIXTA chers lecteurs.💤


Le mot du capitaine...

Eh voilà nous avons à peine commencé la traversée, que la mer Egée est fidèle à sa réputation, 2 jours à l'abri du premier coup de vent, pas tempête mais 28 à 33 nds de vent du nord ...ou Meltem tardif enfin bref l'équivalent d'un bon coup de Mistral.

Nous avions bien anticipé cette situation météo, sans être hyper confort nous sommes à l'intérieur du port de Loutra à l'ancre avec 30 M de chaînes( le maximum possible dans ce petit port)et le vent 3/4 arrière .

Vendredi nous devrions pouvoir reprendre notre route pleine Est, l'objectif étant de rejoindre ( en une semaine environ )la limite des eaux Territoriales Turques en évitant l'incursion !!! car nous n'avons pas fait les formalités ( transit log) pour l'entrée en Turquie de Mistral Gagnant