Kyparissia (6ème journée)

Samedi 19 septembre

Le vent et ses rafales ayant nettement faibli, et l’ancre ayant fait preuve de son efficacité, nous avons pu hier soir nous endormir tôt et rapidement, après ces moments un peu rudes et malgré l’inquiétude qui nous habite au sujet d’Hubert et Christine, dont nous sommes toujours sans nouvelles. Le cyclone a repris sa route plus au large en laissant derrière lui, telle une longue traine, un vent un peu soutenu et une forte pluie.

Damien se réveille très tôt, 6h30, ceux qui le connaissent confirmeront (que c’est tôt pour lui).. Moi, je traine un peu, sommeille. Damien s’active sur le pont. « Je range », puis « on va pouvoir retourner s’amarrer au quai mais prends ton temps », et il met le moteur en route (moi toujours couchée). Damien excelle en ce que j’appelle « la psychologie du choix à sens unique ». Mais chut, il ne sait pas que je l’ai démasqué 😊 C’est que pour Damien, tenir dans 15 m2 pendant 2 nuits et 1,5 journée tient du record, Mistral Gagnant l'y a beaucoup aidé (et aussi le cyclone Ionas qui détient pour le coup lui aussi la psychologie du choix à sens unique !!). Nous accostons et mon capitaine peut enfin se dégourdir les jambes sur la digue.

Je range un peu(beaucoup) le bateau. La pluie a enfin stoppé. On peut étendre les serviettes, aérer le carré, tout est chargé d’humidité, les draps sont moites. Une fois le ménage terminé, je me penche sur le problème que me pose ma cheville : mollet, pied, cheville, enfin toute la partie antérieure de ma jambe est dure et enflée. Message passé à mon infirmière préférée : rétention d’eau, il faut surélever la jambe, port de bas de contention, et voir un médecin, ce serait bien. J’applique aussitôt son conseil en élevant ma jambe, et effectivement, elle dégonfle assez rapidement. Plus tard, en discutant avec notre voisin grec, le seul qui n’avait pas sorti son bateau (car trop gros pour les engins de manutention du port) et qui l'a veillé, le pauvre, 2 nuits dans sa voiture, je lui demande si je peux trouver un médecin aujourd’hui samedi, tout en lui expliquant pourquoi. Il me répond qu’il y a un excellent hôpital ici à Kyparissia, qu’il peut m’y emmener (ah, les grecs et leur gentillesse…) mais que le problème vient surtout du fait que je ne devrais pas être debout : « couchée, la jambe surélevée, et de la glace. » . Le gars est athlétique et me dit qu’il est marathonien, je suppose qu’il connaît bien les traumatismes des membres inférieurs. Riche des conseils de mes deux coachs, nous laisserons passer le week end en observation et aviserons lundi pour le médecin.


Nous mangeons au restaurant du port ce midi, plus grand chose dans le frigo, ni dans les placards, il nous faut faire les courses cet aprés-midi. C’est lors du repas qu’enfin, nous recevons un appel libérateur d’Hubert. Christine et lui vont bien mais leur bateau, bien qu’encore à flot, a subi de gros dégâts sur le pont arrière ☹ Mais bravo à NoaNoa, Amphitrite 43, 13 mètres, 13 tonnes, toujours à flots. Une dizaine de ses voisins ont, eux, coulé… Bien qu’ils soient en bonne santé, nos amis restent choqués par la violence du cyclone, vision d’apocalypse. Ionas s’est déchainé sur l’île de Zante et Kéfalonia. L’oeil du cyclone leur a laissé un peu de répit, mais ça n’a été que pour se déchainer avec une force décuplée. Il n’y a sur l’île plus d’eau, ni d’électricité, c’est sur NoaNoa que Christine et Hubert ont pû recharger leur portable et ainsi nous appeler, nous rassurer et être rassurés à notre sujet. La communication n’est donc pas aisée, cela ne facilite pas leurs démarches, car, entre autres, il faut faire remorquer NoaNoa sur un chantier (lefkas ou prévéza). Ils vont bien, c’est le principal, mais c’est une rude épreuve tout de même., que tout marin redoute, nous sommes bien tristes pour eux.

Nous avons eu de bonnes nouvelles de Laurent et Doriane sur leur Pogo 8.50. Leur bateau n’a subi aucun dommage mais ils sont eux aussi choqués. Ils devaient comme nous contourner le Péloponnèse mais ont décidé finalement de remonter vers le nord et passer le canal de Corinthe pour rejoindre la mer Egée.

Nous nous laissons 48H de récupération avant de reprendre notre route , lundi matin , si la météo est favorable !!!! (et si ma cheville est favorable !)

Nul doute que nous reparlerons avec nos amis marins de cet épisode cyclonique ,que Damien, en bon capitaine de manquera d’amplifier , déformer …