Jeudi 15 octobre.

Nous avons mis le réveil à 6h00. Dur, dur. L'équipage à la nationalité inconnue est revenu à minuit sur son bateau en faisant un boucan d'enfer. Ils diffusent (j'allais dire "écoutent", mais non, ils "n'écoutent " pas) des chansons tirées du répertoire français, et mettent suffisamment fort pour qu'on entende, en pensant peut-être nous faire plaisir. L'une des équipières glousse sans arrêt comme une dinde, probablement un peu éméchée. Du moins, j'espère pour ses compagnons que ce n'est pas son état normal. L'envie d'aller la faire passer par dessus bord me traverse l'esprit. Enfin, à 1h30, la dinde s'est arrêtée de glousser, Stromae et Nougaro de chanter. Calme absolu...

Nous attendons 7h00 pour la mise à jour de la météo et un peu plus de clarté. Le danois sort sa tête pour nous souhaiter une bonne navigation. Je le remercie encore pour son aide, il répond de rien et qu'il est encore là en cas de soucis (salade d'ancres par nommer le soucis)... Il n'y en aura pas (de soucis). L'eau est claire, et je peux nettement voir notre ancre libre, pas très loin toutefois de la chaîne, il n'aurait pas fallu trop la trainer vers l'avant. Je vois celle de notre voisin posée sur le bloc de béton retenant la chaine, à seulement quelques cms d'elle. L'équipage averti devrait lever son ancre une fois à son aplomb, cela lui évitera un vrai désagrément.

Un petit salut amical au danois toujours en veille et nous voilà partis. Dans la baie, la sérénité domine, à peine troublée par le ronronnement de notre moteur.

Sortis de l'abri de l'île, nous touchons un petit vent de près, de force 3 qui nous permet de dérouler le génois, puis assez vite la grand voile.

Je m'installe pour 5 mns à l'avant du bateau. Les 5mns se transforment en 1 heure. Je profite du spectacle, alors que comme par enchantement, 2 dauphins nous accompagnent le temps d'une petite valse.

Si aujourd'hui nous sommes en manque de notre petite famille, de nos amis, nous savons que ce que nous offre la navigation en Grèce ( une certaine liberté, la luminosité, les baignades, les températures clémentes, la discrétion du Covid, etc ...) nous manquera tout autant, et très vite.

A 10h00, la bonne petite brise que nous avons de près commence à lâchement nous laisser tomber. Derrière nous, la belle île de Paros n'est plus qu'une ombre vaporeuse. A tribord, on laisse Myconos, Syros puis Andros. A bâbord, on distingue encore Sifnos, puis Serifos, Kitnos, puis loin devant : Kéa, l'intruse.

Nous toucherons un peu plus tard une brise de travers, avec mer plate. Un bon moment de navigation.

Nous arrivons à Kéa à 17h00. Comme d'habitude, de grosses unités sont à quai. Beaucoup de catamarans de location. Nous constatons que c''est un peu la course au gigantisme. Le plaisir de la voile a laissé place à des caravanes flottantes (que dis-je, des bungalows). C'est bien dommage.

Nous nous posons pour un bon apéro, bien mérité.