Mardi 7 Juin. Syfnos.

Nous nous sommes couchés hier vers 22h00 (rappel : 21h00 chez nous), prêts que nous étions à regarder à la télé et en live Jurassic Park (le 1er). C’est sûr, on l’a déjà vu et revu, mais il reste quand même le meilleur de la série…

Pour rappel, heu non, pour info, nous sommes à l’ancre, dans un port où certaines places disposent encore de pendilles en état. Les pendilles se récupèrent sur le quai à l’arrivée du bateau avec une gaffe (une sorte de perche avec au bout un crochet), Il y en a une par emplacement de bateau et elles sont reliées à une amarre (que l’on peut récupérer justement grâce à la pendille), elle-même attachée à la chaine mère, grosse chaîne qui court parallèle au quai, maintenue en place au fond de l’eau grâce à d’énormes blocs de béton, et placée à entre 20 et 30 mètres du quai. Dans ce cas, il n’est donc pas nécessaire de jeter l’ancre puisque cette amarre tiendra le bateau à l’avant.(voir photo)

Lorsque les pendilles sont cassées, il faut jeter l’ancre mais être vigilant à ce qu’elle ne se prenne pas dans la chaine mère. Les gros bateaux mouillent en général bien loin. Pour nous, l’eau étant ici transparente, j’ai pu mouiller au-delà de la chaîne mère.

Nous voilà donc bien installés pour notre soirée micro-ciné (tablette) lorsque nous entendons des rafales de vent débouler sur le port, accompagnées au loin d’éclairs. Nous sortons vérifier notre amarrage : tout est OK mais le bateau voisin, dont l’équipage est sorti au resto (sans avoir tendu sur ses amarres vu la météo clémente), poussé par les rafales, recule et flirte avec le quai, heureusement pourvu de gros boudins caoutchouc noirs de protection. Aux bruits typiques provoqués par le vent, se mêlent des éclats de voix. L’ancre du catamaran, 3 bateaux plus loin que nous, a laché. Branlebas de combat. Il lève l’ancre, peu aidé par l’obscurité, les bourrasques de vent et son fardage. Son ancre finit par se prendre dans la chaîne mère. Il bataille ainsi pendant ¼ d’heure et finit par se libérer et partir dans la baie au mouillage. Dans sa manœuvre, il a décroché l’ancre du 2ème bateau qui poussé par le vent se couche sur notre bateau voisin qui, à son tour, se couche sur nous. Retenir deux 45 pieds avec notre ancre est impossible : c’est notre tour de décrocher. Reprendre de la chaîne est la solution mais l’ancre n’accroche plus et de toute façon, nous ne tiendrions que provisoirement, vu le poids des 2 bateaux que nous devons retenir. Nous avons la chance d’avoir un peu de place sur le quai à notre tribord. Nous remettons de la chaîne pour faire pivoter et positionner Mistral Gagnant en long sur le quai (en long side) et s’amarrer ainsi. Le vent peut souffler, nous ne bougerons pas d’un poil cette nuit.

Quand nous nous recouchons enfin, les dinosaures ont commencé leur funeste évasion et John Amond, « qui a dépensé sans compter », commence à se dire que ce parc n’était peut-être pas une si bonne idée….

Après une courte nuit, il nous faut bien un café/thé pour se réveiller. La responsable du port vient nous dire que nous ne pouvons pas rester amarrer en long side car nous sommes dans la zone des bateaux de pêche. J’ai beau lui expliquer que nous avons un problème d’ancre, et que se remouiller avec le vent qui continue de souffler fort en rafales s’avère pas facile, rien à faire. Notre 2éme coup de chance viendra de notre voisin qui s’en va et donc laisse libre sa pendille et son amarre. Pour remettre le bateau perpendiculaire au quai, en l’absence de notre propulseur d’étrave et en présence du vent qui nous plaque contre le quai, Damien reprend de la chaîne, et notre ancre finit sans surprise par attraper la chaîne mère. Nous voilà dorénavant maintenus par 2 points d’ancrage à l’avant (notre ancre et l’amarre). Ainsi, malgré le vent du nord qui souffle contre toute attente fort dans le port (malgré la haute barrière naturelle que procure la proche falaise), nous ne bougeons pas d’un poil.

Nous mangeons au resto ce midi. Et pour éliminer les délicieuses crevettes frites, je pars sur l’un des nombreux sentiers de rando que propose Sifnos. La rando parcourt 11,400 kms et le temps annoncé est 4h00. Pas étonnant, vu le dénivelé. Cette rando sera un vrai ravissement pour tous mes sens, à part le toucher avec les grandes herbes sèches qui me griffent les jambes. Les cigales affichent présentes sur Syfnos, ce qui n’est pas le cas de partout en Grèce. Le thym, la sauge, les pins dégagent des senteurs telles celles des Alpilles. Avec la chaleur, je ne peux que me rafraîchir avec une baignade lors de mon passage dans la merveilleuse baie de Fikiada. Un délice… Par moment, les roches volcaniques rendent ma progression plus difficile : c’est comme marcher sur un gruyère archi-sec de taille XXXL. Je passe parmi les chèvres qui profitent elles aussi de ce merveilleux environnement et de ses sentiers. L’une d’elles, joueuse, me « prendra en chasse » en me courant après dès que j’ai le dos tourné.

Il est presque 19h30 lorsque je retrouve mon capitaine. Le ciel s’est voilé et le vent du nord fait descendre la température de quelques degrés. Une bonne douche chaude me ravigote. Je suivrai Damien de pas longtemps pour aller me coucher, incapable d’écrire pour le blog malgré ma volonté : je ne commande plus mes doigts qui s’arrêtent sur le clavier et mes yeux qui se ferment.

Cela va mieux ce matin, je suis d’ailleurs bien plus bavarde 😊