Les grecs ont bien fait la fête 🥳 hier, saturday night oblige. Mais nous étions tellement fatigués que nous n'avons pas entendu grand chose. Enfin si: le feu d'artifice (oui, quand même) et un compatriote du regretté Demis Roussos chanter à tue tête. J'aurais préféré de loin Demis Roussos. Même Gozilla sur la tablette nous a regardés dormir, certainement dépité de voir son pouvoir d'épouvante tomber si bas...

Nous levons l'ancre à 7h15. Nous verrons si nous faisons la route vers la Crête d'un seul trait ou si nous faisons une pose à Anticythere. Il fait frais, le ciel est couvert. Damien, parti pieds nus, enfile rapidement chaussettes et baskets ainsi qu'une veste supplementaire sous son ciré. Nous partons vent de 3/4 arrière, à 10 noeuds. Bof. La houle nous fait rouler. Double bof. Nous déroulons le génois. Nous verrons plus tard pour la grand voile, car dans ces conditions, elle se balancerait de tribord à babord sans cesse. Génois + moteur à 1800 tours, nous avançons à 5,2 nœuds.

Vers 9h30, je descends dans le carré préparer un petit café et cappuccino. J'ai l'impression d'apprendre à jongler debout sur un ballon, mais surtout, acquiers la certitude que je ne suis pas douée pour ça. L'ami Ricorée n'est pas prêt de venir me chercher pour faire sa pub, ça, c'est sûr. Tout glisse, roule ou tombe, parfois les 3 à la fois. Le nescafé a failli s'éparpiller sur le sol, la casserole se retrouver derrière le four. Mais mission accomplie: je parviens à faire passer un café ☕️, à mon capitaine avant qu'ils ne refroidissent ( le café et le capitaine), et à boire mon cappuccino. Je crois aussi que j'ai choisi bien malgré moi le pire moment de la pire houle pour cette pause.

Le vent déjà faible faiblit encore plus. Nous nous arrêtons à Patomas, sur l'île Anticythère. L'entrée de la baie, au bout de laquelle se trouve une jetée, est difficile à trouver. C'est un petit coin tranquille, nous accostons en longside sur le quai, il est 11h30, et nous demandons aux pêcheurs présents si nous risquons de gêner. Non, it's 👌 OK. Très bien, le tour du paté de maison est vite fait, c'est tout petit. Nous nous apprêtons à manger quand un bateau de pêche arrive, nous nous avançons sur le quai pour lui laisser un maximum de place. Je redemande si on risque de gêner, Non, it's 👌 OK de nouveau. Très bien. Je vais me balader pendant 2h30, le capitaine a une après-midi chargée: une sieste puis regarder 2 matchs de 🏉 rugby.... Je suis à peine rentrer au bateau qu'on entend une corne de brume. Un bateau de pêche arrive et visiblement, on a pris sa place. Ça commence sérieusement à me gonfler ces grecs qui disent que c'est ok, alors que ça l'est pas du tout. On part au mouillage.

Pendant ma ballade, je suis surprise de voir la désertification dont est victime l'île. De nombreux hameaux tombent en ruines, depuis longtemps. Un bâtiment, qui ressemble à une école 🏫 car marelle sur le perron, est désaffecté. Un héliport se trouve au centre de l'île pour les secours ou l'avitaillement ( impossible que ce soit pour des vip dans ce désert social). Deux terrains de baskets 🏀 qui n'ont pas vu de ballons depuis longtemps, sont orphelins de paniers, envahis par l'herbe et crottes de biquettes. En 2h30 de marche, je n'ai eu de signes de vie que les oiseaux, les chèvres sauvages 🐐, le chant d'un coq, et les abeilles (une implatation d'une cinquantaine de ruches). Ah, j'allais oublier: un pic de circulation à 16h30, 1 voiture est passée. Les sites archéologiques se limitent à quelques tas de pierres, légèrement mieux ordonnés que les autres.

J'essaie d'en savoir plus sur les secrets que renferment l'île. Il est difficile d'échapper aux articles concernant l'extraordinaire découverte, en 1901, par des plongeurs, de la "machine d'Anticythère". Datée d'environ 200 ans av JC, ce trésor archéologique est une horloge astronomique qui calculait le postionnement des astres et les éclipses. C'est le plus vieux mécanisme à engrenages connu. L'épave de 50 métres dévoilera en outre une magnifique statue d'éphèbe en bronze. Ces 2 tresors, ainsi que d'autres découvertes dans l'épave, sont exposés au musée d'Athènes.

L'île ne retient aujourd'hui que ceux qui recherchent l'isolement, loin de toute civilisation. Ça, c'est sûr que les querelles de voisinage, ça n'existe pas ici!

Je finis enfin par tomber sur un article qui parle de la désertification de l'île (actuellement 20 adultes et 3 enfants, sur 20 km2). La municipalité, en collaboration avec l'église orthodoxe, recrute de nouvelles familles 👪 pour repeupler son joli caillou. Elle est prête à offrir à 4 familles de 3 enfants (ou plus), grecque ou parlant le grec, un terrain, une maison et 500 euros/mois pendant 3 ans. Les personnes doivent être prêtes à travailler en tant que pêcheurs, éleveurs, ouvriers ou boulanger.

Alors, ça vous tente? :-)

Yamas