Leonidio. Journée off. Mardi 25 avril

La plage longeant la digue du port, nous avons été bercés par le bruit des vagues s'échouant sur les galets. Pas mal du tout pour s'endormir (mais ça marche mieux pour Damien que pour moi...)

Dans ce petit coin de paradis, tous nos sens sont en éveil. Dès les premières heures de la journée, la luminosité y est exceptionnelle. Le printemps s'est paré de son manteau de fleurs multicolores. Qu'elles soient sauvages ou cultivées, elles embaument, particulierement les fleurs d'orangers qui dégagent une senteur enivrante, sublime.

Outre les champs d'orangers, de nombreuses serres, à taille humaine et familiale, ont été installées. On y cultive des tomates, des courgettes (dont les fleurs sont aussi grosses que des amaryllis), des haricots verts, des concombres et d'autres légumes comme l'aubergine, mais je n'en ai pas vues. Et bien sûr, n'oublions pas que nous sommes dans le peloponnèse, région phare en matière d'olives, notamment dans le sud, avec les fameuses olives de Kalamata. Impossible de faire 10 pas sans voir cet arbre, symbole de la sage Athena. La plupart ont plus d'une centaine d'années, à voir leur tronc noueux, d'autres ont été sévèrement taillés pour être greffés.


Le village de Leonidio se trouve à 4 kms du port. Cela m'a fait ma petite rando de ce matin. C'est en arpentant les petits chemins pour m'y rendre que j'en ai pris plein les yeux, les narines et les oreilles. Car, si à l'intérieur des terres, le bruit de la mer s'estompe, les oiseaux prennent la relève, ils piaillent à tue tête. J'affectionne particulièrement les échanges des hirondelles.

Leonidio est un village encaissé, situé au bord de la rivière Dafnon, au pied des falaises de Kokkinovrachos en calcaire rose. Ces falaises sont impressionnantes, et je ne suis pas étonnée d'apprendre qu'elles regorgent de sites d'escalade.

En approchant du village, j'aperçois au loin et en hauteur les restes de 3 moulins. Un coup d'œil à Google m'indique qu'un sentier y monte. A voir comment c'est abrut, je me dis que je risque de m'en voir. Google a parfois le sens de la plaisanterie car il n'y a aucun sentier et à moins d'être munie d'un baudrier et autre matériel d'escalade, il n'y a aucun moyen d'accéder au site (qui porte le nom original des "3 moulins de Leonidio"), du moins, par ce côté.

Je continue vers la ville, encore bercée par ce trajet enchanteur. Le village reflète la même sérénité. Ici, le stress n'existe pas , les grecs ont une notion du temps bien à eux, et combien ils ont raison!! Même les livreurs ne sont pas stressés !! Ruelles étroites typiques, places arborées. Certaines maisons prestigieuses n'ont de prestigieuses plus que les facades, l'intérieur envahi de mauvaises herbes, voire d'arbustes. Abandonnées. Quel dommage!

Un chat sauvage guette une sauterelle. Si chez nous, elle aurait pu danser la lambada devant notre pauvre Touilli, ici, peu de chance pour tout insecte pris en chasse de s'en sortir indemne. Les chats ont la dalle et ça aiguise les réflexes.

De retour au bateau, nous allons manger à la taverne. Le port est gratuit, le moins que nous puissions faire est de faire marcher les commerces. Et de plus, c'est sans effort que Damien a mangé son porc steak. Moi, j'ai craqué pour des fried squids (calamars frits) mais n'en ai mangé que la moitié, emportant le reste pour demain midi. Avaler le plat complet serait annonciateur d'un après-midi neurasthénique,voire même la soirée tant c'est lourd à digérer. Mais qu'est ce que c'est bon!

L'après-midi s'écoule sans que l'on s'en rende compte. Une tentative de baignade avortée pour moi pour cause d'arrivée de nuages. Vers 17h00, le vent commence à souffler en rafales. C'était annoncé. Mais la force (jusqu'à 7!) et la direction (nord au lieu de sud) nous destabilisent. Enfin, déstabilise surtout Mistral Gagnant qui se prend les claques sur le flan. Damien installe une garde pour empêcher le nez du bateau de trop partir à babord (les claques à plus de 30 nds nous arrivent de tribord). Enfin, ça se calme à 19h30. On reprend l'ancre qui a reculé un peu. Tout est OK. Damien parlait d'une précision horlogère pour la meteo,bof (ça ne me rassure pas trop).


On pourrait, me direz vous passer à table maintenant. Mais c'est sans compter sur le réservoir d'eau à moitié vide qu'il nous faut absolument remplir. L'eau est ici gratuite, encore faudrait-il trouver la bonne personne pour enlever le cadenas. L'épicier (maitre de port à ses heures) nous dit qu'il faut voir avec le coast gard. Comme nous sommes le seul bateau ce soir au port et déjà contrôlé, je crains qu'il ne passe pas. J'anticipe en me rendant à son bureau, à 18h00. Je sonne, attends un certain temps. J'ai dû mal à reconnaître dans le Columbo qui vient de m'ouvrir, vêtu d'un marcel, les cheveux en bataille et les yeux encore endormis, le fringant costgard costumé du contrôle d'hier soir. Il me dit qu'il faut appeler le numéro inscrit vers la borne. Je suis 😕 confuse, m'excuse en grec et en anglais. Quoiqu'il en soit, IL s'avère qu'IL N'Y A PAS DE NUMERO A APPELER POUR L' EAU, uniquement pour le gasoil, pfff. Damien fait 5 voyages jusqu'au robinet des camping cars, non loin, à l'aide d'un sceau et d'un arrosoir rouge pompier, des jouets de plage mais à taille adulte ..

Il est 20h00. A nous le repas.. mais des rafales de sud cette fois ci arrivent. Grrr, pose d'une garde à babord, tout en laissant celle a tribord, sait-on jamais....


Juste avant de passer à table, le capitaine jette un petit coup d'œil à la météo. Mauvaise nouvelle, il va falloir laisser passer un coup de vent avec de très fortes rafales... mieux vaut rester ici une journée supplémentaire....