Il y a plusieurs choses que j'avais oubliées de la Grèce, sans doute parce qu'elles ne me manquaient pas : la saturday night fever, la messe (quand les fêtards ne fêtent plus rien, c'est le pop qui prend la relève. Impossible d'échapper à la messe, diffusée par les hauts-parleurs), les caprices du vent, et des manifestations de rouille chez l'équipage resté trop longtemps sur le plancher des vaches.

Il est 9h30 lorsque nous quittons l'enchanteresse île de Poros, avec ses 4950 habitants. Un petit au-revoir à Josiane en passant devant Nereida et nous voilà partis.

Premier signe de rouille: le capitaine s'est trompé d'interrupteur pour les instruments de navigation, ecrans noirs.... erreur vite corrigée.

Je rentre les pare-battages sur le pont, à l'intérieur du bateau, histoire de ne pas en perdre un en route, en ayant oublié que Damien avait installé un astucieux système pour les tenir à l'horizontale à l'extérieur, nous permettant de mieux circuler sur le pont....

Première sortie de la saison pour nous, 1ère pour la grand voile aussi. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que la coquine s'est montrée réfractaire à se dérouler et faire son boulot. Elle fait des plis, refuse de sortir du mât, s'aggripant à son enrouleur. Je me rends au pied du mât pour manœuvrer l'enrouleur plus facilement grâce au winch qui lui est dédié. J'attrape pour cela la manivelle (spéciale car manche court), et parviens à la mettre en place malgré la drisse de la bordure de grand voile qui passe au beau milieu, tendue comme une arbalète. Nous tentons un virement de bord pour voir si Mme la voile préfère être dérouler sous l'autre amure (2 amures en voile, tribord amure et babord amure. L'amure exprime de quel côté le bateau reçoit le vent).Dans le même temps, Damien me demande de détendre la balancine de la bôme (avec le hâle bas, ils servent à régler la hauteur de la bôme. Désolée pour ces termes technico voileux). J'entends un bruit sec : la drisse, légèrement déplacée lors du virement de bord, a éjecté la manivelle hors du winch. Je préfère finir avec la balancine avant de la ramasser. Sauf que je ne la trouve pas sur le pont. La manivelle s'est fait la belle, projetée hors du bateau, elle a fait le grand plongeon. Seule satisfaction: la voile est enfin déroulée.

Après avoir bien transpirés, nous nous remettons sur notre route et réglons les voiles. Sauf que le vent est tombé entre temps. Grrrrr!! 1,4 nœuds,on n'est pas près d'arriver!!

On met le moteur en appui des voiles et passons les îlots kelini dans l'espoir d'un vent soutenu et régulier. Le vent arrive plein dans le dos. Nous avançons en zigzag pour éviter l'empannage ( le vent peut cueillir la grand voile par l'arrière et accélérer le passage de la bôme d'un bord sur l'autre, parfois violemment. Il faut être alors vigilant à ne pas se trouver sur son passage...). Le vent joue avec nous,mais il joue tout seul, car "il est passé par ici, il repassera par là " ça finit par être lassant. On finit au moteur et sous génois seul.

Nous arrivons à Ermioni sous un beau soleil. Il est 14h30. Le temps de s'amarrer, de se désaltérer à la taverne du grec qui nous a aidé, de marcher un peu, nous passons à table à 16h00.

Ce soir, Philippe, rencontré à la fin de notre dernier séjour et basé non loin, nous rejoint le temps de l'apéro.

Demain, départ pour Leonidio. Nous quittons notre " zone de confort ". Toutes les étapes à venir seront une découverte....