Mardi 16 mai.

Le bateau voisin part à 5h45. L'équipage est silencieux mais le moteur ronronne, assez pour me réveiller. Un thé plus tard, le vent du sud se lève et finit de me dissuader d'aller courir.

Nous partons faire un tour dans la vieille ville, en passant par le vieux port, et continuons par le quai où sont amarrés les cargos. Le Kavarna livre sa cargaison de maïs 🌽. Un gruttier transfère les céréales du ventre du cargo dans la benne d'un camion, après que ce dernier soit passé sur la balance. Nous menons notre petite enquête et apprenons que le Kavarna est parti de Russie, transité par la Turquie avant d'arriver en Crête. Nous nous disons que l'embargo sur les céréales russes bénéficie certainement du même traitement que son pétrole et finit sur le marché mondial grâce à un tour de passe passe...


L'après-midi, nous accompagnons en bus Andrée et Jean-Noël à la visite du monastère d'Arcady, tristement célèbre pour le drame qui s'y est déroulé le 9 novembre 1866, lors de l'insurrection des crétois contre l'invasion des Ottomans. Des centaines de rebelles, femmes et enfants se sont fait exploser dans la poudrière, causant leur mort ainsi que celles de centaines de soldats de l'empire ottoman. Il est depuis considéré comme un symbole de sacrifice et de liberté. 

Nous nous y rendons en bus, mais comme nous sommes en Grèce, attraper le bon bus relève parfois de l'exploit, surtout quand il y en a plusieurs et que le nôtre est en retard. Notre véhicule est finalement un mini bus et le chauffeur n'amuse pas le terrain. Il s'enfonce dans la montagne avec peu de considération pour ses passagers ballotés, quand ils ont eu le temps de s'assoir, ou pour les éventuels piétons 🚶‍♂️ 🚶‍♀️. Alors que nous discutons, nous voyons un édifice qui ressemble bien au monastère d'Arcady, mais le chauffeur ne s'arrête pas!! 😭. Il fait juste un crochet de 30 minutes allers-retours dans la montagne pour poser une vieille dame dans un village perdu...et dépose enfin la majorité de ses passagers au monastère..., devant lequel il etait passé donc 1/2 h avant... Cherchez pas, c'est la logique grecque...

Nous réglons l'entrée de 4 euros/personne. D'ordinaire, il faut être vêtu d'un pantalon (ou jupe pour les femmes) et de manches longues pour rentrer dans un monastère, mais celui ci n'étant plus "en activité", cela n'a visiblement pas d'importance. Une fois passée l'enceinte, on ne peut manquer l'église au centre, assez atypique par sa forme. Construite au XVIème siecle, elle est marquée par le style vénitien. L'ensemble est assez bien conservé. Il y a une partie habitée qui doit être celle d'un gardien (je n'y dormirais pas une seule nuit, plutôt dormir à la belle étoile! ). La salle a manger austère comme il se doit. La poudrière, meurtrie, à ciel ouvert. Les "cellules" des moines, aussi avenantes que la salle a manger. Des expositions soignées de reliques. Nous finissons par une marche le long d'une dernière galerie, avec de belle voute, rendant plus légère cette visite. Pour ma part, j’en ressors oppressée, il y a là bien trop de fantômes…

Le retour en bus se fera sans encombres, et sans Jean-Noël qui a préféré redescendre les 20kms à pieds. Je ne l’accompagne pas, il est déjà 16h15, ça ne laisse pas beaucoup de marges en cas de problème (d’orientation, bien que Jean-Noël soit très bon en la matière, et en cas de blessure).

 

Mercredi 17 mai. Journée paresse pour une journée ventée. Nos seules activités ont été la course pour moi, la tentative, vaine, pour Damien de redémarrer l’antique traceur de route (obsolète) de Mistral Gagnant. Et dans l’après-midi, déclaration d’impôts ☹

 

Jeudi 18 mai. Jean-Noël et moi partons en rando à 8h00, direction les gorges de Galliano, à 7kms. La sortie de la ville est longue, la circulation déjà importante. Heureusement, plus nous grimpons, plus les routes rapétississent et sont désertées. Beaucoup de chiens nous aboient dessus à notre passage, mais ils sont attachés ou enfermés, parfois les deux. Ici, le chien n’est pas considéré comme un animal de compagnie, mais plutôt comme un gardien uniquement. Je suis peinée de voir à quel point ils sont rarement choyés ou sortis de leur enclos.

Nous descendons dans les gorges par un sentier dégagé et frais, avec le doux roucoulement de l’eau tout en bas. Nous faisons un petit écart pour nous rendre à la chapelle san Antonio, construite en 1905, à flan de falaise. La pierre d’ailleurs est apparente sur tout un pan de mur. Un minuscule cadenas à la porte empêche l’entrée aux animaux, la clé est présente pour permettre aux visiteurs….de visiter. La chapelle est rustique mais très propre. Quelqu’un descend le sentier régulièrement pour l’entretenir.

Nous poursuivons notre descente et arrivons au fond de la gorge ou se trouve un ancien moulin, malheureusement pas très préservé du temps et de la flore. Pourtant, de petites terrasses avaient été aménagées pour les jardins potagers. Il n’en reste que quelques maigres orangers et de hautes herbes. Un petit aqueduc irriguait l’ensemble. Nous continuons le long du ruisseau mais nous sommes vite arrétés, en amont comme en aval par la végétation qui a envahi le sentier. Nous regrettons bien de devoir faire demi-tour. L’endroit est très beau, il mériterait plus d’attentions, avec des sentiers entretenus.

Nous revenons en passant devant l’université de Crête. Imposante de par ses volumes et son architecture moderne, d’autres aménagements sont en cours. Puis retour au bateau, nous avons parcouru près de 17 kms avec 325 m de dénivelé.

L’après-midi, farniente. Ce soir, nous allons au resto avec Jean-Noël et Andrée. Nous reprenons chacun la mer demain, en direction de l’ouest. Nous pour Kolymvari, qui possède un port dont les travaux ne sont pas terminés (et ne se termineront peut-être jamais). Jean de la Lune ira au plus loin si le vent le lui permet, sinon, nous serons peut-être  voisins de ponton de nouveau demain. 😊